Dans la nuit de Vendredi à Samedi 31 août.

Nous organisons les quarts de 3 heures, je prends le premier pendant que Corentin va s’allonger dans la cabine arrière.

Le matin, le vent refuse (il tourne dans un sens défavorable) au SW (sud ouest) et nous nous retrouvons au près sous la route directe.

En cette journée de samedi bien ensoleillée, nous avons croisé quelques dauphins mais surtout dans l’après-midi, j’ai aperçu un souffle de baleine à quelques centaines de mètres vers l’avant.

J’ai appelé Corentin pour venir voir quand une baleine surgit à quelques dizaines de mètres devant l’étrave. J’ai repris la barre pour l’éviter pendant que Corentin réussissait à la prendre en photo.

Elle est réapparue plusieurs fois avant de s’éloigner. Nous avons eu peur de la percuter et avons attendu avant de reprendre notre route.

C’était une baleine avec une petite nageoire dorsale que l’on voit bien sur la photo, un Rorqual ? à vérifier. Elle était plus longue que le bateau, une quinzaine de mètres.

La deuxième nuit fut tout autre comparée à la première, ciel couvert, quelques gouttes par moment et surtout le vent qui forcit et vire progressivement vers l’W (ouest) puis le Nord. La mer devient agitée à forte avec des vagues de plus en plus grosses que l’on devinait car on ne voyait rien. On les sentait soulever l’arrière de VOLUBILIS qui partait en surf. Nous avons enroulé le génois et envoyer le solent à l’avant sur l’étai largable. Heureusement, tout était préparé d’avance et il n’a fallu que quelques minutes pour l’envoyer.

Peu de temps  après, un claquement sec et la bôme se soulève. Une manille du hale-bas de bôme vient de lâcher. Le temps d’en trouver une autre dans la caisse à outil et l’incident est réparé.

Le vent continuant à forcir, il nous faut réduire la grand voile en prenant le premier ris. Une première pour nous de le faire au portant, la nuit avec ce vent. Mais tout se passe bien.

Le levé du jour arrive avec satisfaction, nous n’avons pas dormi et nous sommes restés sur le pont tous les deux à manœuvrer, un peu stressant de foncer dans un noir complet sans voir où on allait.

Nous progressons à un bon rythme vers notre destination.

Dans la journée de samedi, le vent continue de forcir en virant vers le N à NE (nord est). La mer se creuse avec des vagues de 2 à 3 mètres un peu désordonnées.

Vers le milieu de l’après-midi, nous apercevons au loin les montagnes espagnoles.

La direction du vent au N NE nous écarte de la route directe car avec cette mer impossible de faire du vent arrière donc nous avons du enchainer les empannages pour nous rapprocher de la côte.

Pour les néophytes, un empannage est un virement vent arrière qui consiste à faire passer la grand voile et la bôme d’un bord à l’autre. Avec cette force de vent, cela peut être dangereux alors il faut être bien coordonné pour ne rien casser ou pire se blesser. Seuls deux bouts de doigts en portent les traces de brûlure par l’écoute que j’ai du laisser filer en grand.

En approchant de La Corogne, le vent atteignait force 6 à 7 (34 nœuds dans les rafales). Une grande satisfaction a été la tenue du pilote automatique qui a barré sans problème depuis le départ. Il a réussi à tenir VOLUBILIS dans les surfs jusqu’à plus de 14 nœuds sans sortie de route. Cela donne confiance et c’est un équipier infatigable sur qui nous pouvons compter. L’autre équipier qui a été à la hauteur est l’hydrogénérateur qui a rechargé les batteries avec efficacité pour fournir l’énergie nécessaire au pilote et aux autres équipements. Faire la Bretagne l’Espagne avec moins d’un litre de gasoil, c’est bien pour la planète.

En début de nuit, nous avons aperçu les feux et phares de la côte et en particulier le phare de Torre de Hércules qui marque l’entrée du port de La Corogne.

A l’abri de la jetée, nous affalons les voiles et nous nous amarrons dans la Marina Coruna vers 3h du matin dimanche 1er septembre. Le temps de ranger le pont du bateau, nous nous affalons dans nos couchettes avec grand plaisir.